News

Rencontre avec Guillaume ROY et Jacques FERTÉ, serial entrepreneurs et parrains du concours des Pépites !
D’étudiants à serial entrepreneurs : leur parcours va vous inspirer ! 🔥
Ils ont lancé GALLIA, vendu à Heineken, puis rebondi avec CHERICO. Aujourd’hui, Guillaume ROY et Jacques FERTÉ (tous deux de la promo 2006) reviennent sur leur aventure et vous livrent leurs conseils en tant que parrains des Pépites 2025.
De l’EMN à l’entrepreneuriat : un déclic ou une évidence ?
Comment est née votre envie d’entreprendre et quel a été le moment clé qui vous a lancé dans l’aventure ?
À notre époque, à Sup Europe Caen, l’entrepreneuriat n’était pas encore une spécialité ni une filière bien définie. La formation était principalement tournée vers les grandes entreprises, et nous avions peu de ressources spécifiques pour nous préparer à la création d’entreprise. Naturellement, après notre diplôme, nous avons intégré de grandes structures, mais nous avons rapidement ressenti que ce n’était pas notre voie.
Nous étions jeunes, et l’idée de nous lancer nous est apparue comme une évidence. Ce n’était pas encore aussi courant qu’aujourd’hui, et l’entrepreneuriat n’avait pas la même attractivité, donc ce choix n’était pas gagné d’avance. Pourtant, nous avions acquis les bases nécessaires pour franchir le pas. En 2010, il y avait très peu d’entrepreneurs dans notre promotion.
GALLIA, le début d’une success story
Quels ont été les plus grands défis des débuts de GALLIA, et qu’avez-vous appris de cette expérience ?
En 2010, l’entrepreneuriat n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui, et nous avons dû nous lancer avec très peu de moyens. À l’époque, il n’était pas question de levée de fonds comme on le voit aujourd’hui : seules une ou deux banques nous ont suivis. Nous avons donc démarré à l’ancienne, en allant nous-mêmes distribuer nos bières, avec notre petite voiture, dans les bars et bistrots parisiens, là où se trouvait le cœur du marché.
L’un des plus grands défis a été de nous faire connaître. Mais nous étions convaincus qu’il y avait une tendance de fond à développer, et nous avons pris les bonnes décisions pour être parmi les premiers à occuper ce marché. Sans vraiment en avoir conscience à l’époque, nous étions des précurseurs, car la scène brassicole parisienne comptait encore très peu d’acteurs.
Notre idée est née d’une inspiration : une bière normande disparue, qui nous a donné envie de créer un projet plus pérenne autour de la bière parisienne. Nous n’étions pas de grands consommateurs, pas plus que n’importe quels étudiants, mais nous avons vu le potentiel. Plus qu’un simple produit, la bière est un symbole de convivialité, un élément qui réunit les gens, et c’est ce qui nous a animés dès le départ.
Les débuts n’ont pas été simples, il y a eu des galères, mais nous ne regrettons rien. Cette expérience sur le terrain a été une formidable école, et chaque difficulté rencontrée nous a permis d’apprendre et d’avancer.
De GALLIA à CHERICO : le goût du rebond
Pourquoi avoir lancé CHERICO après GALLIA, et en quoi cette nouvelle aventure est-elle un tournant ?
GALLIA a représenté 13 années d’aventure intense. Lorsque l’opportunité de vendre s’est présentée, nous l’avons vue comme une étape naturelle, un tremplin vers autre chose. Nous ne nous étions jamais imaginés transmettre cette entreprise à nos enfants, et dans un monde où tout évolue très vite, il nous a semblé logique de saisir cette occasion pour rebondir.
Avec CHERICO, nous avons voulu nous lancer dans un projet encore plus ambitieux. Nous connaissions le potentiel immense du marché du café, un enjeu mondial qui dépasse largement les frontières, contrairement à ce que nous avions connu avec GALLIA.
Nous sommes encore jeunes, et cette nouvelle aventure représente un défi encore plus grand. Si nous avons décidé de nous lancer, c’est parce que nous croyons en l’impact et à la portée de ce projet, qui va bien au-delà de ce que nous avions fait jusqu’ici.
Une anecdote qui illustre votre parcours
Y a-t-il un moment clé ou une situation insolite qui vous a particulièrement marqué ?
Trois moments nous viennent immédiatement à l’esprit :
GALLIA : Une bataille de nom improbable et une rencontre marquante
Quand nous avons voulu déposer le nom GALLIA, nous avons découvert qu’il était aussi utilisé pour un lait infantile vendu en pharmacie. À l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle), on nous a prévenus que Danone risquait de refuser notre dépôt. Pourtant, Brasserie Gallia existait avant la marque de lait pour bébé, avec une racine latine (Gallus pour le coq, symbole de la France). Nous avons quand même tenté notre chance et, contre toute attente, Danone a accepté que nous utilisions le nom. Heureusement, car nous n’aurions jamais eu les moyens d’engager une bataille juridique contre eux !
Autre moment marquant : lors d’un salon au début de GALLIA, nous avons croisé Xavier Niel, créateur de Free. À notre grande surprise, il connaissait déjà très bien notre marque, alors que nous étions encore peu connus. En réalité, GALLIA était historiquement une brasserie du 14ᵉ arrondissement, où se trouvent les catacombes de Paris, un véritable gruyère souterrain. À l’époque, de nombreuses brasseries s’y installaient pour y faire fermenter leur bière. Xavier Niel connaissait donc toute cette histoire avant même que nous lui en parlions. Cet échange a créé une connexion et, par la suite, nous avons pu répondre à un appel d’offres pour Station F grâce à lui.
CHERICO : Un a priori bien ancré
Lors d’une chronique sur BFM TV consacrée aux produits traditionnels qui reviennent sur le devant de la scène, la présentatrice devait goûter CHERICO. Avant même de porter la tasse à ses lèvres, elle a eu un rictus de dégoût, simplement à l’évocation du mot chicorée. Cela nous a frappés et montrait à quel point ce produit souffre d’un ancrage négatif dans l’imaginaire collectif. Beaucoup l’associent à une boisson désuète, voire mauvaise.
Guillaume lui-même n’en buvait pas avant de lancer CHERICO. Son premier réflexe ? Penser aux clichés des "Tuches" ou de "Bienvenue chez les Ch’tis". Mais en creusant, il a découvert un produit aux qualités insoupçonnées. Ce moment nous a rappelé tout le travail de pédagogie à faire pour changer les mentalités et redonner à la chicorée la place qu’elle mérite.
Le concours des Pépites : un engagement pour l’avenir
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager et quel message souhaitez-vous transmettre aux futurs candidats ?
Nous sommes ravis de soutenir l’entrepreneuriat, d’autant plus que, à notre époque, nous n’avions pas bénéficié de ce type d’accompagnement. Ce n’était pas un parcours évident ni spontanément encouragé, alors aujourd’hui, nous trouvons essentiel de soutenir toutes les initiatives qui permettent aux futurs entrepreneurs de se lancer. Nous sommes également attachés à notre École et heureux de pouvoir lui rendre un peu de ce qu’elle nous a apporté.
Si nous avions un conseil à donner, ce serait avant tout de faire quelque chose qui vous passionne. L’entrepreneuriat, c’est créer son propre métier, ce qui est très différent du salariat : il faut donc que votre projet vous plaise vraiment au quotidien. Bien sûr, l’aspect financier compte, mais ne faites pas les choses uniquement en fonction de ce que ça peut rapporter.
Lancer son entreprise comporte toujours une part de risque. Il faut accepter cette incertitude, mais le meilleur moment pour tenter l’aventure, c’est quand on est jeune et avec peu de responsabilités familiales. Aujourd’hui, il existe de nombreuses aides, comme les incubateurs, la BPI ou les programmes des écoles, qui permettent de prendre un risque mesuré.
Enfin, il ne faut pas avoir peur d’y aller à fond, de croire en soi et de bousculer les choses. Osez, forcez les portes et tentez votre chance : c’est souvent en allant au bout de ses idées que les meilleures opportunités naissent.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.